AVC : la recherche française en pleine accélération avec StrokeLink

Communiqué

Alors que la Journée mondiale de l’accident vasculaire cérébral approche (29 octobre) et que la Cour des Comptes s’apprête à publier un rapport sur la prise en charge de l’AVC en France, le réseau de recherche clinique StrokeLink, labellisé F-CRIN, et le Pr Sébastien Richard, membre du réseau et chef du service de neurologie du CHRU de Nancy, alertent sur l’urgence de renforcer la recherche clinique en 2025 et 2026. L’enjeu : garantir un accès rapide aux soins spécialisés pour tous les patients, et mieux comprendre les mécanismes de récupération pour éviter les récidives.

Image cerveau main

Alors que la Cour des comptes s’apprête à publier son rapport sur la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux (AVC) en France, les experts du réseau StrokeLink rappellent l’importance d’une filière de soins complète — du diagnostic d’urgence à la rééducation — et d’une recherche clinique forte, au service du progrès médical et des patients. Parmi eux, le Pr Sébastien Richard, membre du réseau et chef du service de neurologie du CHRU de Nancy, également vice-président Recherche de l’établissement, revient sur les enjeux majeurs de l’AVC en 2025 et sur le rôle central joué par la recherche française.

Deux étapes décisives pour sauver des vies

Chaque année, près de 150 000 personnes sont victimes d’un AVC en France, qui reste la première cause de handicap acquis chez l’adulte et représente un enjeu majeur de santé publique. Mais l’AVC ne touche pas uniquement les sujets âgés, il peut survenir à tout âge de la vie et concerne même environ 1000 enfants chaque année dans le pays. La réussite du parcours de soins repose sur deux étapes essentielles : la reperfusion cérébrale pour les AVC ischémiques, qui vise à rétablir la circulation sanguine vers le cerveau, grâce à une thrombolyse intraveineuse, et dans certains cas une thrombectomie (intervention neuroradiologique pratiquée dans des centres spécialisés), puis l’hospitalisation en unité neurovasculaire (UNV). Dans ces unités, des équipes médicales et paramédicales formées spécifiquement à la prise en charge de l’AVC assurent le suivi, la prévention et la rééducation précoce des patients, un facteur déterminant pour leur survie et leur récupération fonctionnelle.

"L’admission dans une unité neurovasculaire double les chances de récupération. Il faut donc garantir à tous les patients un accès rapide à ces structures", souligne le Pr Sébastien Richard.

Une recherche clinique française en pleine dynamique

En parallèle, la recherche clinique sur l’AVC connaît une vitalité exceptionnelle. En 20 ans, les avancées ont été considérables : validation de la thrombolyse dans les années 2000, généralisation de la thrombectomie mécanique à partir de 2015, puis multiplication d’essais cliniques visant à améliorer encore les résultats. Aujourd’hui, environ un patient sur deux retrouve une autonomie complète après traitement de reperfusion. L’objectif des années à venir est clair : augmenter encore ce taux de récupération. Cette dynamique s’appuie notamment sur les travaux menés au sein du réseau StrokeLink, autour de deux grands axes de recherche :

  1. Améliorer la réussite de la reperfusion cérébrale : les équipes cherchent à perfectionner les techniques de thrombolyse intraveineuse en testant de nouveaux agents ou associations d’antithrombotiques, ainsi que de thrombectomie, par aspiration ou dispositifs « retriever ». De nouvelles approches combinées permettent également d’agir sur des zones cérébrales plus fines. La thrombolyse intra-artérielle, en particulier, ouvre des perspectives prometteuses pour déboucher les vaisseaux plus distaux.
  2. Renforcer la prévention secondaire : réduire le risque de récidive est une priorité. Cela passe par les mesures hygiéno- diététiques classiques (arrêt du tabac, alimentation, activité physique), mais aussi par de nouvelles molécules et associations thérapeutiques, en complément des traitements de référence (antiplaquettaires, anticoagulants, statines, contrôle tensionnel…). Plusieurs études multicentriques sont en cours : Oceanic Stroke (Bayer) sur un nouvel anticoagulant en association avec des traitements existants ; RIISC (APHP) évalue la colchicine, un anti-inflammatoire connu ; SIMCA (CHRU Nancy) et EVA3S-2 (Hôpital St-Anne) vont redéfinir la prise en charge des sténoses carotidiennes ; ou encore A3ICH (CHU Lille), dédiée à la question critique de la stratégie thérapeutique des patients présentant à la fois des troubles du rythme cardiaque et une hémorragie cérébrale. Ces travaux, portés conjointement par les CHU, les promoteurs industriels, avec le soutien du réseau StrokeLink, impliquent plusieurs milliers de patients répartis dans une trentaine d’unités neurovasculaires à travers le pays.

StrokeLink, un réseau national pour unir les centres et accélérer les découvertes

Créé pour structurer la recherche clinique sur l’AVC, le réseau StrokeLink joue un rôle essentiel dans la diffusion des études, la mutualisation des moyens et l’implication des équipes hospitalières. "Grâce au réseau, les essais sont déployés dans un nombre croissant de centres. Cela nous permet d’obtenir plus vite des résultats fiables, applicables directement à la pratique médicale," souligne le Pr Richard.

Cette dynamique collective, accompagnée par l’implication des patients dans le développement des questions de recherche, renforce l’équité territoriale en permettant à davantage d’équipes et de patients de participer à la recherche. Chaque inclusion contribue ainsi à une meilleure compréhension des pathologies et à l’accélération de la mise à disposition de nouveaux traitements.

Un message clair pour la Journée Mondiale de l’AVC

Pour le Pr Richard, dans un contexte où l’on évoque souvent la dégradation du système de santé, l’exemple de l’AVC prouve que la recherche clinique française fonctionne : elle sauve des vies, améliore les parcours de soins et fait reculer le handicap. Son message, pour la journée mondiale de l’AVC, s’adresse à la fois aux pouvoirs publics et aux patients : "L’AVC est un exemple de réussite médicale : en 20 ans, la prise en charge a complètement changé, le pronostic s’est transformé et la recherche continue d’ouvrir de nouvelles perspectives. Mais si nous pouvons aujourd’hui soigner aussi bien, c’est parce que des patients ont accepté de participer à des études. La recherche complète les soins. Il faut poursuivre cet élan collectif et multidisciplinaire, continuer à investir dans la recherche clinique et inclure des patients car c’est la seule façon d’améliorer encore le pronostic et les traitements".

En cas de symptômes d’AVC d’un proche, le Pr Richard rappelle l’importance de réagir vite (appeler immédiatement le 15, sans attendre), de faire confiance aux équipes médicales, et de considérer la participation aux essais cliniques afin de contribuer à ces avancées tout en bénéficiant d’un suivi renforcé et sécurisé.

Le réseau StrokeLink, coordonné par les Prs Charlotte CORDONNIER (CHU Lille) et Jean-Marc OLIVOT (CHU Toulouse), est le réseau national de recherche clinique spécialisé dans l’Accident Vasculaire Cérébral (AVC). Actuellement composé d’une cinquantaine de centres en France, StrokeLink implique des unités de recherche universitaires couplées à des services hospitaliers dans les domaines de la neurologie, la neuroradiologie interventionnelle et diagnostique, la neurochirurgie vasculaire, la biologie vasculaire, la neuroanesthésie, la rééducation post-AVC et les urgences. Ce réseau multidisciplinaire offre l'infrastructure nécessaire pour diriger et coordonner avec succès des essais cliniques industriels et académiques. 
Pour en savoir plus : https://strokelink-avc.fr

Mise en place en 2012, F-CRIN (French Clinical Research Infrastructure Network) est une plateforme nationale dédiée au développement de la recherche clinique française. Elle est portée par l’Inserm en association avec les hôpitaux, les industriels en santé et les universités, et soutenue par l’Agence nationale de la Recherche et le ministère de la Santé dans le cadre de « France Santé 2030 ». Sa mission est de fédérer les acteurs de la recherche clinique pour renforcer la compétitivité et l’attractivité de la recherche française à l’international, développer l’expertise des professionnels en mutualisant savoir-faire, ressources et moyens et, ainsi, accélérer l’appropriation de nouvelles pratiques et le développement de nouvelles solutions thérapeutiques. Aujourd’hui, F-CRIN repose sur un modèle fédératif structuré autour de 28 composantes : 26 réseaux thématiques de recherche et d’investigation clinique, une plateforme multiservices à disposition des promoteurs et investigateurs pour accompagner leurs essais, et une unité de coordination nationale, siège de l’infrastructure, installée à Toulouse. Forte de plus de 2 000 professionnels unissant leurs expertises et leurs moyens, F-CRIN constitue également l’interface française du réseau européen de recherche clinique ECRIN pour favoriser la participation des équipes et centres français aux essais cliniques multinationaux. 
Pour en savoir plus : https://www.fcrin.org

Contact presse : EVE’VOTREDIRCOM – servicepresse@votredircom.fr - 06 62 46 84 82

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Mis à jour le 28 octobre 2025